Millan Assiéhué Augustin, propriétaire de Poly-élevage Ferme Millan SARL, est un jeune ivoirien qui fait de la pisciculture sa principale activité. Le 05 août 2022 au Palais présidentiel à Abidjan, il était au nombre des 84 lauréats du Prix national d’Excellence Edition 2022. Il a reçu le Prix d’Excellence du Meilleur Acteur des Ressources Animales et Halieutiques – Option « écloserie ou production d’alevins ». Bétail d’Afrique est allé à la découverte de la ferme Poly-élevage SARL, sise dans la ville d’Aboisso, à 50Km de la capitale économique ivoirienne.
Environ cinq hectares. C’est la superficie totale occupée par le domaine piscicole du jeune Augutin Millan (il aura 33 ans en décembre 2022). Dépaysement total dans cette ferme sis au quartier Sokoura de la ville d’Aboisso, pour toute personne qui s’y aventure même en pleine journée dans cet endroit calme et reposant. Seul le gazouillement des oiseaux vient déchirer de temps en temps le silence qui règne sur les lieux bercé par un vent doux. Composée de 6 étangs obtenus après détournement du lit d’une rivière, la ferme poly-élevage a aussi un barrage de 2 hectares.
Avec une équipe composée de 6 personnes, Augustin Millan, qui a débuté son activité en 2010, gère sa ferme de main de maître. Les espèces qui sont disponibles chez lui sont le tilapia rouge et celui de souche brésilienne, le mâchoiron et le silure.
Hormis la pisciculture, il s’est spécialisé depuis peu dans la production d’alevins et dans l’élevage d’escargots, de moutons et de poulets. Pour une production en masse d’alevins, le pisciculteur a des bacs hydroponiques où sont disposés des poissons arrivés à maturité appelés « géniteurs » qui, après accouplement, produisent des œufs qui deviennent des larves. Ces derniers sont à leur tour acheminés dans un autre environnement hydroponique et au stade d’alevins sont destinés à la vente.
« Avant on élevait les poissons pour les vendre mais Je me suis spécialisée dans la production d’alevins parce qu’il y a un besoin », explique-t-il, ajoutant qu’il s’essaie depuis peu à la production d’aliments pour poisson.
Transmettre son savoir-faire
Augustin Millan explique que les poissons des eaux ivoiriennes sont déjà insuffisants pour couvrir les besoins des populations, les utiliser pour en faire des aliments pour nourrir les alevins ne fait qu’augmenter le manque et favoriser la pêche des poissons qui n’arrivent pas à maturité, ce qui constitue une activité illégale.
Cet aliment, le jeune homme se donne les moyens de le produire surplace. Dans une volière, des mouches soldats noires qui ne se nourrissent uniquement de d’eau, pondent des œufs, qui sont conditionnés dans des récipients jusqu’à leur éclosion. Les larves qui en sortent sont déposées dans des litières où elles sont engraissées. Arrivés à maturité, les asticots constituent les aliments des poissons.
« Ces asticots sont tués, grillés puis séchés sont écrasés. La poudre obtenue est de la protéine pure qui peut être utilisé comme aliment de poulet, de porc. Au lieu d’utiliser la farine de poisson habituelle », affirme-t-il.
Et comme « rien ne se perd, tout se transforme », Augustin Millan commercialise les déchets produit par ces asticots. Il indique qu’ils constituent des engrais bio utilisés pour la fertilisation des sols.
Cependant le lauréat du prix d’excellence ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il ambitionne d’expérimenter la rizipisciculture, pratiques très prisée en Asie.
« L’année prochaine lorsque nous allons atteindre nos objectifs, nous allons passer à une autre étape pour aider ceux qui cultivent le riz pour leur permettre d’élever du poisson pour leur consommation et celle de leur communauté » a-t-il souhaité.
Soucieux de la pérennité de cette activité, le propriétaire de de Poly-élevage Ferme Millan compte transmettre son savoir-faire à d’autres jeunes désireux de se former. Aussi prévoit il de construire, sur son domaine, des dortoirs pour faciliter la formation de ses futurs stagiaires.
MIREILLE YAPO