« Fermeture saisonnière des pêches maritimes pour permettre le repos biologique des ressources halieutiques ». La terminologie n’est pas nouvelle mais elle reste, en Côte d’Ivoire, une innovation du Ministre des Ressources Animales et Halieutiques, Sidi Tiémoko Touré. Cette action inédite, qui concerne toutes les catégories de pêche qui se pratiquent en Côte d’Ivoire, doit être perçue, de l’avis de plusieurs spécialistes, comme une action salutaire. Une décision qui, à n’en point douter, devrait permettre la régénérescence des ressources halieutiques contenues dans l’océan atlantique dont profite la Côte d’Ivoire.
Cette innovation ne doit aucunement être vue comme attentatoire à l’activité des pêcheurs. En effet, elle concerne, sur la période du 1er juillet au 31 août 2023, aussi bien les chalutiers qui pêchent les espèces qui sont au fond de la mer y compris les crevettes ; les sardiniers qui pêchent les sardinelles, les anchois et les chinchards ; les palangriers qui traquent les thons et les unités de pêche semi-industrielles dont le but est d’attraper les thons et les espèces apparentées.
Il s’agit donc d’une décision de responsabilité qui est courageuse et qui devrait recevoir l’adhésion de tout l’écosystème de la pêche en Côte d’Ivoire. La fermeture saisonnière des pêches n’est dirigée contre personne et a une portée sociale, économique et écologique. En fait, elle vise à protéger les stocks de reproducteurs et de juvéniles des espèces de sardine, de chinchard, de maquereau, de hareng, de thon et de démersales (mérou, bar (Sosso) dorade, Morue, Capitaine).
L’application stricto sensu de cette décision permettra, en effet, de réduire l’effort de pêche ; de restaurer les stocks de poissons à un niveau biologiquement viable ; d’améliorer et de garantir la durabilité des revenus des pêcheurs et des acteurs de la chaîne des valeurs. La fermeture saisonnière des pêches maritimes pour permettre le repos biologique des ressources halieutiques est donc bénéfique pour tous, aussi bien pour l’Etat, l’écosystème de la pêche que les consommateurs.
D’ailleurs, le ministre Sidi Touré explique lumineusement la pertinence de la décision dont le bénéfice profite à tous les acteurs en Côte d’Ivoire. « En Côte d’Ivoire, la production de la pêche maritime est passée de 69 769 tonnes en 2003 à 42 738 tonnes en 2020, soit une baisse de 38,75%. Il faudrait donc agir en améliorant les dispositifs de surveillance pour la lutte contre la pêche INN (Illicite, Non déclarée, Non réglementée), mais en adoptant aussi des approches pertinentes de gestion des ressources s’appuyant sur le potentiel et la capacité biologique de reconstruction de la ressource et de son habitat », souligne le membre du gouvernement.
De plus, l’adoption de la fermeture saisonnière des pêches maritimes symbolise la volonté de l’Etat de Côte d’Ivoire de respecter ses engagements internationaux. En effet, cette mesure est prise en application des recommandations du Comité international pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT).
Vu donc les probables effets bénéfiques de la fermeture des pêches maritimes en Côte d’Ivoire pour tout l’écosystème, il est impérieux que le pays, à travers tous les services compétents, lance une vaste campagne de sensibilisation pour amener tous les acteurs à comprendre le bien-fondé de cette décision, afin qu’elle soit couronnée de succès.
Par ailleurs, toutes les parties prenantes ont l’obligation de se conformer à cette directive. Elles doivent être républicaines et éviter de tomber sous le coup de la loi qui prévoit, à l’article 105 de la loi sur la pêche, des peines allant de 1 à 5 ans de prison et le paiement d’une amende de 50 à 300 millions de F CFA.
Par Charles Lambert TRA-BI