La peste des petits ruminants (PPR) est une maladie dévastatrice qui entraîne des pertes économiques et animales importantes. Avec des taux de morbidité et de mortalité pouvant atteindre 100 % dans les populations immunologiquement naïves, cette maladie virale hautement contagieuse constitue une menace sérieuse pour les moutons, les chèvres et certaines espèces de ruminants sauvages.
Outre les impacts sur la santé animale, les pertes économiques liées à la PPR s’élèvent à 2,1 milliards de dollars américains chaque année. Depuis son identification en 1942, la PPR s’est propagée dans plus de 70 pays en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Europe de l’Est. Son enracinement dans de nombreuses régions constitue une menace grave pour les moyens de subsistance et les économies précaires. La maladie compromet les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la nutrition, en particulier dans les régions où plus de 330 millions de personnes, principalement des petits exploitants agricoles et des communautés tributaires d’une économie de subsistance, dépendent des petits ruminants.
Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour atteindre les objectifs d’éradication
L’éradication de la peste bovine en 2011, a démontré la puissance de la collaboration et des efforts collectifs pour protéger la santé animale et les sources de revenus humains : la communauté vétérinaire internationale a donc désigné la PPR comme prochaine maladie prioritaire à éradiquer, au même titre que la rage transmise par les chiens. Ainsi, en 2015, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) ont lancé la Stratégie mondiale pour le contrôle et l’éradication de la PPR (la Stratégie), avec pour objectif ambitieux d’éliminer la maladie d’ici à 2030.
Au cours des 10 années qui ont suivi le lancement de cette stratégie, des progrès notables ont été réalisés. Parmi les initiatives figurent la mise en œuvre du Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS), plusieurs projets soutenus par l’Union européenne, des projets de l’agence américaine DTRA (Defense Threat Reduction Agency), ainsi que le lancement du Programme panafricain pour l’éradication de la PPR et le contrôle d’autres maladies prioritaires des petits ruminants. Malgré tout, il reste encore beaucoup à faire.
La propagation continuelle de la PPR dans de nouvelles régions et son ancrage dans les zones endémiques, exacerbé par l’accès limité aux services vétérinaires pour les communautés marginalisées, représentent des freins d’ampleur à son élimination à son élimination. L’éradication de la PPR ne pourra être atteinte sans surmonter ces défis, protéger les moyens d’existence et renforcer la sécurité alimentaire des populations les plus vulnérables au monde. Un effort international soutenu et coordonné est indispensable pour assurer le succès de la Stratégie et renforcer la résilience des communautés dépendantes des petits ruminants.
Un engagement en faveur de la collaboration mondiale
Les petits ruminants représentent souvent le bien le plus précieux et parfois le seul dont disposent certaines populations vulnérables pour survivre. L’éradication de la PPR ouvrirait des opportunités économiques tant au niveau national qu’international, contribuant à la croissance et à la stabilité. Les moutons et les chèvres jouent un rôle fondamental dans la vie des agriculteurs, notamment des femmes et des jeunes populations, souvent sous-représentés dans les sphères publiques et décisionnelles.
Depuis le lancement de la stratégie PPR GCES, il est devenu évident que l’apparition de foyers peut être contenue et que l’immunité collective peut être progressivement atteinte grâce à la mise en place de mécanismes de financement nationaux pour les activités majeures de prévention des maladies animales, l’adoption de politiques et réglementations favorables, l’investissement dans la production de vaccins contre la PPR et les outils de diagnostic, ainsi que la sensibilisation et la formation aux technologies de prévention et de contrôle.
Les efforts d’éradication pourraient être couronnés de succès à condition de s’appuyer sur une stratégie bien conçue et coordonnée, soutenue par une infrastructure solide et des investissements en termes de personnel vétérinaire. Ces efforts doivent être considérés comme un bien public international, soutenus par un engagement politique fort et une mobilisation des ressources. La FAO et l’OMSA invitent leurs Membres à rester mobilisés et à investir dans des approches transversales renforçant les compétences des Services vétérinaires et des pays à contrôler et éradiquer la PPR ainsi que d’autres maladies animales. Ensemble, nous pouvons protéger les filières d’élevage et préserver les moyens de subsistance de ceux qui en dépendent.
Source : OMSA



