Au Ghana, le sous-secteur de l’élevage contribue à hauteur de 13 % au PIB agricole. En quête d’efficacité dans la gestion du secteur, notamment en ce qui concerne la santé animale et les épizooties, le gouvernement déploie un nouvel outil numérique à l’échelle nationale.
Le Ghana vient de franchir une nouvelle étape dans la digitalisation de son secteur de l’élevage. Le 26 septembre dernier, Eric Opoku, ministre de l’Agriculture, a officiellement lancé l’Events Mobile Application Plus (EMA-i+), une application mobile développée par la FAO pour renforcer la surveillance des maladies animales.
Ce projet, initié en 2018 dans le cadre d’une phase pilote, est désormais déployé à l’échelle nationale. Selon les autorités, cette solution numérique permettra aux vétérinaires et agents de terrain de signaler en temps réel les foyers de maladies telles que la rage, l’anthrax ou la grippe aviaire. En outre, elle couvre désormais, outre les animaux terrestres, les espèces aquatiques, les abeilles et la faune sauvage.
Selon les informations relayées par le média Ghanaweb, ce système améliore la précision des données, la rapidité des rapports et l’échange d’informations entre les principales institutions, ce qui permet de réagir rapidement aux épidémies. D’après M. Opoku, la digitalisation des systèmes de surveillance a déjà permis de tripler le nombre de signalements depuis son expérimentation en 2018.
S’exprimant sur la question de l’efficacité, Priya Gujadhur, représentante par intérim de la FAO au Ghana, indique par exemple que l’EMA-i+ a permis de réduire le délai de transmission des informations, passant de deux à trois mois avec le système papier à environ 30 minutes aujourd’hui.
Un écosystème encore peu porté par le secteur privé
Cette initiative devrait permettre de renforcer le recours aux outils numériques, encore limité, dans la gestion de la santé animale. Au Ghana, le secteur privé reste encore peu impliqué dans cet écosystème.
En 2016, la start-up Cowtribe entre en scène avec une solution centrée sur la santé animale. Elle facilite la distribution et la commercialisation de vaccins vétérinaires grâce à la téléphonie mobile (USSD, SMS), ciblant les éleveurs ruraux souvent éloignés des services vétérinaires classiques.
Avec ce service, l’entreprise joue un rôle clé dans la prévention des épizooties et la réduction de la mortalité animale. Mais depuis, Cowtribe semble être la seule start-up identifiée dans le pays dont le cœur de métier est exclusivement centré sur la santé animale via des outils numériques.
Le renforcement de cet écosystème encore embryonnaire devrait permettre d’améliorer l’accès aux services vétérinaires en zones rurales, et de réduire la vulnérabilité accrue face aux maladies animales transfrontalières. L’enjeu est d’autant plus stratégique que les pertes économiques associées sont considérables. Selon le Bureau interafricain des ressources animales (BIRA), les maladies animales entraînent chaque année des pertes économiques évaluées à 4 milliards $ en Afrique subsaharienne, soit environ 25 % de la valeur totale de la production animale sur le continent.
Une fracture numérique qui pourrait freiner l’adoption
Toutefois, des obstacles persistent, notamment en matière de connectivité Internet et d’adoption par les petits éleveurs. En effet, le déploiement des plateformes numériques soulève la question de l’accessibilité en milieu rural, où l’usage d’Internet et des smartphones reste limité.
Au début de l’année 2025, par exemple, le Ghana comptait environ 24,3 millions d’utilisateurs d’Internet, soit un taux de pénétration de 69,9 % selon les données officielles. Cependant, ces chiffres cachent une grande disparité entre les zones urbaines et rurales.
En 2021, l’usage d’Internet concernait environ 80 % des jeunes âgés de 15 à 29 ans en milieu urbain, contre seulement 54 % en milieu rural, selon les données officielles. Ce fossé peut s’expliquer notamment par des infrastructures limitées et une couverture réseau inégale.
Source : Agence Ecofin



