La vision de la FAO pour l’aquaculture est clairement présentée dans sa « Blue transformation road map » (trad. « feuille de route de la transformation bleue ») : l’objectif est « l’intensification et l’expansion de l’aquaculture durable », afin qu’elle « continue à répondre à la demande mondiale en aliments aquatiques ».
L’objectif est que, grâce à cette transformation bleue, l’aquaculture complète ce que la pêche ne peut fournir tout en réduisant la pression sur les stocks de poissons sauvages. Certains experts appellent toutefois à la prudence face à un « excès d’optimisme en matière d’aquaculture ». Selon un rapport récent, le taux de croissance de l’aquaculture ne pourra pas être maintenu à l’avenir. Les auteurs affirment que « l’idée que les fermes piscicoles pourraient à elles seules fournir la plupart des poissons dont le monde a besoin semble irréaliste », et que même si elle était réalisable, « son coût socio-économique pour les pays côtiers à faible revenu pourrait être dévastateur ».
De son côté, la FAO insiste sur le fait que l’aquaculture doit être « durable ». Pour définir ce que cela signifie en pratique, elle est en train d’élaborer des directives pour une aquaculture durable (GSA, dans son acronyme anglais). En amont de la 12e session du sous-comité de l’aquaculture du COFI, qui aura lieu en mai 2023 au Mexique, le projet de directives a été publié pour commentaires.
Comme le souligne à juste titre la préface, l’expansion rapide de l’aquaculture au cours des dernières décennies a entraîné « des impacts sociaux et environnementaux indésirables dans plusieurs régions du monde, conduisant souvent à des conflits sociaux entre les utilisateurs de la terre, de l’eau et des ressources aquatiques vivantes, et affectant négativement l’environnement aquatique ». Les Directives visent à répondre à ces préoccupations, en permettant au « secteur de l’aquaculture de participer efficacement à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 » pour le développement durable.
Toutefois, le processus de rédaction et le contenu posent problème. Les principales parties prenantes, en particulier la société civile, y compris les organisations de pêche artisanale, n’ont pas été impliquées dans l’exercice de rédaction. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles le projet de directives n’aborde pas correctement les questions controversées de la production aquacole.
Du point de vue de la pêche artisanale, en adoptant une approche uniforme de l’aquaculture, les Directives ne parviennent pas à relever les principaux défis posés par l’aquaculture intensive industrielle aux communautés de pêche côtière, notamment les conflits d’utilisation des terres et de la mer, la pollution de l’environnement et la pression accrue sur les stocks de poissons dont elles dépendent pour leur subsistance, causée par la demande accrue d’aliments pour poissons.
Source: Autre presse