Éthiopie :
Des milliers d’éleveurs déplacés, l’élevage gravement menacé par une crise sismique

élevage Éthiopie

En Éthiopie, l’élevage n’est pas seulement un mode de vie, mais un pilier fondamental de l’économie nationale et de la survie des populations rurales. Aujourd’hui, cette activité vitale est gravement menacée dans la région d’Afar, où des milliers d’éleveurs ont été forcés de quitter leurs terres à la suite d’une série de tremblements de terre dans la vallée du Rift.

Ces séismes, qui se sont intensifiés au cours du dernier mois, ont bouleversé la vie de dizaines de milliers de familles. Le plus puissant, d’une magnitude de 5,8, a été enregistré samedi dernier par l’Institut géologique des États-Unis. L’épicentre se situait au cœur de la montagne Dofen, dans le district d’Awash Fentale.

L’élevage en Éthiopie, un secteur en péril

L’Éthiopie compte parmi les plus grands producteurs de bétail en Afrique, et l’élevage est la principale source de revenus pour des millions de personnes, en particulier dans les zones arides et semi-arides comme la région d’Afar. Les éleveurs déplacés, qui dépendent de leurs troupeaux pour leur alimentation et leurs revenus, font face à une situation désespérée. La perte d’accès aux pâturages, combinée aux défis logistiques liés au déplacement de leurs animaux, menace directement leur survie économique.

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« Nous avons été contraints de partir précipitamment. Nos animaux, nos moyens de subsistance, tout est en suspens », témoigne un éleveur relocalisé dans un centre d’évacuation.

Réponse des autorités et défis humanitaires

Face à l’urgence, le gouvernement éthiopien a ordonné la relocalisation de près de 80 000 résidents. « Une aide humanitaire est en cours de déploiement, mais les besoins dépassent largement les ressources disponibles », a indiqué Ahmed Ibrahim, coordinateur des opérations de secours.

Cependant, les éleveurs déplacés ne peuvent pas attendre indéfiniment. Sans leurs troupeaux, leurs perspectives d’avenir restent incertaines. Les centres d’évacuation, conçus pour répondre à des besoins temporaires, ne suffisent pas pour protéger les communautés pastorales sur le long terme.

Infrastructures menacées dans une région stratégique

La crise sismique affecte également des infrastructures cruciales pour la région. Si le barrage de Kesem, conçu pour résister à des séismes d’une magnitude de sept, demeure intact, l’usine sucrière de Kesem a subi d’importants dégâts, perturbant la production dans cette zone économique clé.

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Ces infrastructures, vitales pour le développement agricole et industriel de la région, doivent être protégées et réparées rapidement. Mais l’impact économique des tremblements de terre sur les éleveurs risque d’avoir des répercussions durables bien au-delà de la région d’Afar.

élevage Éthiopie : Menaces volcaniques et incertitudes

Les secousses ont également ravivé les inquiétudes concernant le volcan Dofen. Des émanations de fumée observées autour de ses cheminées signalent une potentielle éruption, exacerbant les risques pour les communautés locales. « Les tremblements de terre ont déjà provoqué des modifications du paysage, notamment la formation d’un cratère d’eau de source chaude, ce qui pourrait annoncer une activité volcanique accrue », a alerté Atalay Ayele, sismologue à l’université d’Addis-Abeba.

L’élevage au cœur de la résilience éthiopienne

Cette crise met en évidence la vulnérabilité des éleveurs éthiopiens face aux catastrophes naturelles. L’élevage, qui représente environ 40 % du PIB agricole de l’Éthiopie et constitue une source essentielle de devises grâce à l’exportation de bétail, est un levier crucial pour l’économie nationale. Préserver cette activité est donc une priorité non seulement pour les communautés pastorales, mais pour l’ensemble du pays.

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La région d’Afar, connue pour ses vastes plaines et ses pâturages, joue un rôle clé dans l’élevage de chameaux, de bovins et de caprins. Mais les récents événements sismiques menacent de déstabiliser cet équilibre. « Si nous perdons nos animaux, ce n’est pas seulement notre économie qui s’effondre, c’est aussi notre culture et notre identité », souligne un leader communautaire.

Urgence d’une réponse durable

Le gouvernement éthiopien, avec le soutien de la communauté internationale, doit non seulement répondre aux besoins immédiats des populations déplacées, mais aussi investir dans des solutions à long terme. Cela inclut la protection des pâturages, la mise en place de systèmes d’alerte précoce et la création d’infrastructures résilientes pour les éleveurs.

Alors que la région d’Afar lutte pour se relever, l’élevage reste un symbole de résilience pour l’Éthiopie. Préserver ce secteur, face à des défis naturels et climatiques croissants, sera essentiel pour assurer l’avenir économique et social du pays.

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