Le Ministre des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH), Sidi Touré a tenu une conférence de presse mercredi 26 juin 2024 au centre Surimi sis à Treichville, en prélude du repos biologique 2024 Côte d’Ivoire conformément à la loi n°201-554 du 26 juillet 2016 relative à la pêche et à l’aquaculture et aux engagements régionaux et internationaux de la Côte d’Ivoire.
Informer et sensibiliser la population nationale, les acteurs de la pêche, ainsi que la presse nationale et internationale, sur le mode opératoire du repos biologique, tel était l’objectif de cette conférence de presse. Ci-dessous, l’intégralité du discours du Ministre.
Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de la Défense
Monsieur le Ministre du Commerce de l’Industrie et de la Promotion des PME
Monsieur le Ministre de l’Environnement et du Développement Durables
Monsieur le Ministre des Eaux et Forêts
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs
Monsieur le Secrétaire Général du CPCO
Monsieur le Représentant de la FAO,
Monsieur le Représentant de la JICA
Monsieur le Secrétaire Exécutif du Secrétariat Permanent du Comité Interministériel de l’Action de l’Etat en Mer (SEPCIM-AEM)
Mesdames et Messieurs les Experts
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualité tout protocole respecté.
C’est un honneur pour mon département de vous livrer les propos liminaires avant ma conférence de presse qui portera sur la fermeture saisonnière annuelle 2024 des pêches encore appelé « Repos Biologique ».
Mesdames et Messieurs
Les océans, les mers et les zones côtières et les plans d’eau continentaux offrent une source vitale d’alimentation, d’emplois, de loisirs, de commerce et de bien-être économique pour des millions de personnes à travers le monde et d’autres biens et services qui sont primordiaux pour l’existence même de la vie sur terre.
Il est de plus en plus reconnu que les secteurs de la pêche et de l’aquaculture contribuent de façon significative à la sécurité alimentaire et à la nutrition mondiales en ce début du XXIème siècle.
Selon la FAO (FAO, 2024), la consommation apparente mondiale de produits alimentaires d’origine aquatique a progressé au taux annuel moyen de 3,0 pour cent de 1961 à 2019, soit presque deux fois le rythme annuel d’accroissement de la population mondiale (1,6 pour cent) au cours de la même période.
En 2022 la consommation apparente mondiale d’aliments aquatiques d’origine animale a été estimée à 165 millions de tonnes (FAO, 2024) ; depuis 1961, elle progresse à un rythme presque deux fois supérieur au taux d’accroissement de la population mondiale. Cette consommation per capita était de 9Kg/habitant en 1961 contre 20,6Kg/habitant en 2022. Sur la même période la production de poissons issus des océans et des autres plans d’eau continentaux est passée d’environ 50 millions de tonnes (en 1961) à 92,3 millions de tonnes (en 2022). Cette augmentation de la production qui est restée quasi-stagnante ces dix (10) dernières années fait peser de nombreuses menaces sur la viabilité des stocks.
Ainsi, les principales menaces qui pèsent sur les écosystèmes et les ressources aquatiques marines et continentales sont les pratiques de pêche non durables dues à la surexploitation au développement de la pêche illicite non déclarée et non règlementée (pêche INN), les pollutions provenant des activités anthropiques notamment des activités minières, pétrolière et de l’urbanisation sans oublier également la variabilité et le changement climatique, combinés avec les capacités limitées de gérer ces effets et leurs impacts conjugués.
Mesdames et Messieurs
La Côte d’Ivoire à l’instar de nombreux pays du Golfe de Guinée n’est pas en marge de cette tendance baissière malgré une consommation apparente par habitant de 25 kg/habitant/an.
En effet, la production nationale de poissons extrait du milieu marin et des plans d’eau continentaux est passé de 104.233 tonnes en 2016 contre 68.711 en 2020 soit une baisse globale de 34,1%. L’analyse conduite aux niveaux des différents plans d’eau sur la même période indique que la production a connu une baisse d’environ 33% pour la pêche maritime et de 36% pour la pêche continentale.
Mesdames et Messieurs
Ces tendances baissières continuent, entraînant une dépendance abyssale vis-à-vis des importations de poissons qui représentent 82% des besoins de consommation annuelle. Cette situation invite mon département à renoncer à l’inaction tout en prenant des mesures vigoureuses fondées sur des approches pertinentes de gestion pour assurer la Reconstruction des stocks de poissons, la Restauration des habitats tout en maintenant les Interactions et la Réversibilité. Cela implique la prise de mesures vigoureuses pour gérer les ressources halieutiques au profit des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
Pour rappel, le Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire pour lutter contre la dégradation des stocks de poissons a adopté le repos biologique dans les pêcheries marines qui a été mis en œuvre en 2023.
C’est le lieu de le rappeler que le Côte d’Ivoire a rejoint en 2023 le Ghana, pays voisin qui met en œuvre le repos biologique depuis 2016, avec lequel notre pays exploite des ressources halieutiques partagées. Faut-il le souligner l’harmonisation de cette mesure constitue une avancée significative pour la gestion durable des ressources halieutiques dans la région.
Cette mesure est ainsi conforme aux engagements internationaux de la Côte d’Ivoire, au cadre législatif en vigueur notamment la loi n° 2016-554 du 16 juillet 2016 relative à la pêche et à l’aquaculture, mais également à la Stratégie Nationale de Gestion Durable de la Pêche adossée à la Politique Nationale de Développement de la Pêche et de l’Aquaculture (PONADEPA, 2022-2026).
Mesdames et Messieurs
Pour une reconstitution intégrale du patrimoine halieutique national, le repos biologique conformément aux dispositions juridiques et politiques, notamment la loi n° 2016-554 du 26 juillet 2016 relative à la pêche et à l’aquaculture et la PONADEPA, doit s’appliquer progressivement sur l’ensemble des plans d’eau de Côte d’Ivoire.
C’est à juste titre que la feuille de route 2024 du Gouvernement prévoit-il l’élargissement de cette mesure en plus du milieu marin sur certains plans d’eau que sont : les lagunes Aby et Grand-Lahou et les lacs de Kossou et Buyo.
Mesdames et Messieurs
Le repos biologique 2024 sera mis en œuvre en deux principales phases conformément aux zones hydrographiques du pays et de façon progressive.
Zone A : Maritime, lagune Aby et de Grand-Lahou ;
Zone B : Lacs de Kossou et de Buyo.
Pour la Zone A :
Maritime :
Unités de pêche thonières : du 1er janvier au 13 mars 2024 pour les navires thoniers senneurs pêchant avec les Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) conformément à la recommandation 23-01 de la Commission Internationale de Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT) ;
Unités de pêche artisanale maritime : fermeture intégrale d’un (01) mois du 1er juillet au 31 juillet 2024 ;
Unités de pêches semi-industrielle et industrielle : fermeture à toutes les espèces autres que le thon pour une durée de deux (02) mois du 1er juillet au 31 août 2024.
Lagunes Aby et de Grand-Lahou
du 1er juillet au 31 août, soit deux (2) mois
Pour la zone B :
Lacs Kossou et Buyo
1er septembre au 31 octobre, soit deux (2) mois
Mesdames et Messieurs
Les résultats provisoires obtenues dans le cadre du suivi des activités des unités de pêche au cours des six (6) premiers mois après l’ouverture des pêches maritimes en 2023 indique que :
Pour la pêche industrielle chalutière la durée des marées est de 7 à 8 jours alors qu’elle était de 10 à 12 jours ;
Pour les sardiniers cette durée est de 36 à 48 heures contre 72 heures avant la mesure.
Le suivi des débarquements de septembre en novembre 2023 pour l’ensemble de la flottille industrielle indique une production de 5.311 contre 4.422 tonnes, soit une croissance d’environ 20,5% sur la même période.
Des études scientifiques plus poussées sont en cours de réalisation pour l’évaluation des impacts biologiques et socioéconomiques de cette fermeture.
Mesdames et Messieurs
L’application du repos biologique intégral sur l’ensemble de nos plans d’eau (mer, lagunes, lacs et fleuves) est susceptible de favoriser une croissance de la production. La production pourra ainsi passer à 84.000 tonnes dès la fin de l’année 2025 et atteindre 127.000 tonnes dès la fin 2027 contre une capture de référence de 55.522 tonnes en 2022.
Pour y parvenir, nous devons tous nous y engager résolument dans le respect scrupuleux de cette mesure.
Mesdames et Messieurs
Pour inscrire cette fermeture des pêches dans la durabilité, mon département s’est résolu dans la promotion de la cogestion des pêcheries, c’est-à-dire la gestion participative ou concertée avec une forte implication des communautés de pêche à travers des comités qui verront le jour de façon progressive.
Pour cette fermeture 2024, je vous donne rendez-vous le lundi 1er juillet 2024 à Adiaké pour le lancement solennel de cette mesure.
Mesdames et Messieurs
Je voudrais à ce stade conclure ma déclaration liminaire et vous donner l’occasion de poser des questions.
Je vous remercie pour votre aimable attention