Apres le Salon International de l’Agriculture (SIA 2022 ) :
Le Ministre Sidi Touré fait le grand déballage

MIRAH

Le ministre ivoirien des Ressources Animales et Halieutiques répond aux questions de ‘’BETAIL D’AFRIQUE’’. Dans l’interview qu’il a bien voulue nous accorder, Sidi Tiémoko Touré a fait un bilan partiel de la participation de son département au dernier Salon International de l’Agriculture (SIA) de Paris en France, non sans évoquer bien d’autres sujets liés à sa politique de développement des produit animaux et halieutiques.       

Monsieur le Ministre, vous avez pris part, du 26 février au 6 mars 2022, au Salon International de l’Agriculture (SIA 2022) à Paris. Qu’est-ce que cela vous a fait de participer pour la première fois à cet important évènement agropastoral, en tant que premier responsable du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH) ?

Sidi Tiémoko Touré : Je tiens tout d’abord à vous remercier pour l’opportunité que vous m’offrez ainsi qu’à mon département ministériel pour faire un bilan partiel de notre participation au Salon de l’Agriculture de Paris, puis pour ce que vous faites à travers votre journal, afin de mettre en lumière les actions posées dans le secteur des ressources animales et halieutiques.

Le Salon International de l’Agriculture à Paris est à sa 58ème édition et au fil des années, il est devenu l’un des rendez-vous les plus importants du secteur agro pastoral dans le monde. C’est un lieu d’échanges, de découvertes, de promotion et de partage d’expériences.

Participer donc à ce salon fait partir des missions d’un ministre qui aspire à des réformes dans le secteur en vue d’améliorer la couverture des besoins des populations ivoiriennes en protéines animales.

Le thème de notre participation est : « La vision des Ressources Animales et Halieutiques à l’horizon 2026 ». Un thème qui nous a permis de mettre en évidence le mécanisme de résilience mis en place pour juguler l’impact de la maladie à Covid 19 au niveau de la disponibilité et de l’accessibilité des protéines animales auprès des populations ivoiriennes.

La Côte d’Ivoire était représentée à ce Salon par trois ministères, dont le vôtre. Quels ont été les performances ivoiriennes présentées par la délégation du MIRAH à ce rendez-vous mondial ?

S.T.T. : Mon Département Ministériel était représenté avec un stand de 100m2 un des plus grands stands du SIA dans le Pavillon « Agriculture du Monde et leurs produits » aux côtés de mes pairs du Ministère d’Etat Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural et du Ministère des Eaux et forêts.

Nous avons présenté ce que nous avons d’original en matière d’animaux et produits animaux.

Nous avons exposé l’Escargot géant, le tilapia, le mâchoiron, le miel et le thon. Nous avons reçu près de 15 000 personnes à notre stand. Les uns pour des échanges sur les possibilités d’investissement en Côte d’Ivoire et les autres pour apprécier l’originalité des produits exposés.

Il est à noter que l’un de nos produits, à savoir le miel, a été retenu dans la « Sélection des Agricultures du Monde », une plate-forme internationale d’excellence qui récompense l’originalité et l’innovation dans les productions agricoles à travers le monde. C’est une fierté pour la Côte d’Ivoire. Ce miel est produit par une vaillante Dame du nom de Mme KOUADIO Antoinette qui fait un travail formidable.

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Lequel des produits présentés par votre délégation a été l’attraction des participants au SIA ? 

S.T.T. : Le public a manifesté beaucoup d’enthousiasme pour les spécimens d’escargots géants exposés. En effet, le MIRAH a présenté deux espèces d’escargot : l’Achatina achatina et l’Achatina marginata. Vous savez, les escargots, on en trouve en Europe mais pas de cette taille. En France, c’est l’escargot de très petite taille de la région de Bourgogne qui est connu. D’où la curiosité qui gagne les visiteurs découvrant ce mollusque géant qui fait d’ailleurs notre fierté. Vous savez que la viande d’escargot est très prisée et elle coûte d’ailleurs chère. Les échanges portaient le plus souvent sur le milieu de vie des escargots, la consommation, la préparation, l’aspect nutritionnel et l’importance dans les habitudes culinaires en Côte d’Ivoire.

En partant d’Abidjan pour Paris, la délégation que vous conduisiez avait dans sa ‘’besace’’ la Politique national de Développement de l’Elevage, de la Pêche et de l’Aquaculture (PONADEPA). Comment avez-vous fait la promotion de cette politique de développement ?

S.T.T. : L’un des objectifs de notre participation à ce salon était de faire connaître la PONADEPA et sa promotion a été faite à travers quatre approches importantes :

  1. La communication audio-visuelle sur les enjeux et orientations de la PONADEPA à travers un film institutionnel et des affichages (kakemono, branding, etc.) sur chacune des 05 stratégies (Stratégie Nationale de Promotion et de Coordination des initiatives dans le secteur des ressources animales et halieutiques (SNPC), Stratégie Nationale de Développement des Productions Animales (SNPA), Stratégie Nationale de Gestion durable des Pêches (SNGP) ,Stratégie Nationale de Développement de l’Aquaculture (SNDA), Stratégie Nationale de Renforcement de la Santé Publique Vétérinaire (SNRSPV) qui composent la PONADEPA ;
  2. La mise en place et l’animation d’un stand institutionnel sur la PONADEPA;
  3. La présentation de la PONADEPA lors de la journée ivoirienne et à travers une conférence à laquelle ont assisté les PTF, des officiels français, la diaspora africaine, ainsi que des partenaires au développement.
  4. Les audiences et les rencontres B to B. A ce niveau, je voudrais souligner que le Directeur Général de la FAO nous a accordé une audience au siège de son institution le jeudi 03 mars 2022, au cours de laquelle nous avons échangé sur les articulations de la PONADEPA. Nous avons saisi toutes les opportunités qui se sont offertes à nous pour présenter la PONADEPA et faire sa promotion.

Cette politique sectorielle est très ambitieuse et a pour but final, à l’horizon 2026, de satisfaire les besoins des ivoiriens en protéine animale.

Monsieur le Ministre, la Côte d’Ivoire n’est pas encore autosuffisante en produits animaux et halieutiques. Qu’avez-vous reçu, lors du SIA, comme propositions concrètes pour le développement de ces secteurs ?

S.T.T. : La problématique de l’autosuffisance en produits animaux et halieutiques fait partie des grandes priorités du PND 2021-2026 de l’Etat de Côte d’Ivoire. Pour atteindre cette autosuffisance, nous avons élaboré au niveau de notre département ce document de politique.  Ce salon a été l’occasion de renforcer la collaboration bilatérale étroite entre la Côte d’Ivoire et la France. En effet, des partenaires de haut niveau ont donné leur accord ferme pour nous accompagner dans la mise en œuvre de cette politique. En plus, le DG de la FAO nous a signifié sa ferme volonté de nous accompagner en vue de l’atteinte de nos objectifs.  Nous sommes donc revenus satisfaits de ce salon, qui a été très enrichissant.

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L’une de vos activités marquantes, en marge du SIA, a été cette rencontre que vous avez eue en Italie avec M. QU Dongyu, Directeur Général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (Food and Agriculture Organization of the United Nations – FAO). Dès votre retour au pays, le représentant résident en Côte d’Ivoire de cette Institution est allé échanger avec vous. C’est à croire que vous avez de gros projets en préparation avec la FAO ?

 S.T.T. : La FAO a toujours été un partenaire stratégique de la Côte d’Ivoire. Cette rencontre avec le DG de cette institution a été très appréciée par les deux parties d’où la visite du représentant résident en Côte d’Ivoire, à qui j’ai fait un compte rendu succinct de l’audience avec le DG. En effet, la FAO assiste mon Département ministériel dans la recherche de financement et, grâce à elle, certains projets des ressources halieutiques sont financés. Ce sont, entre autres, le Projet Fish4ACP, la station d’alevinage de Dompleu, etc.

Monsieur le ministre, vous avez présidé, le 14 mars 2022, la sixième réunion du Projet régional de dialogue et d’investissement pour le pastoralisme et la transhumance au sahel et dans les pays côtiers de l’Afrique de l’ouest (PREDIP).  Quels sont les atouts de l’élevage mobile pour la Côte d’Ivoire et ses voisins ?

STT : L’élevage mobile représente un atout pour l’intégration et la cohésion communautaire et sous régionale. De plus pour les producteurs de viande bovine des pays sahéliens la Côte d’Ivoire est l’un des marchés les plus importants. En retour l’élevage mobile est pour nous pays d‘accueil un facteur important dans la disponibilité d’une viande de qualité et à coût meilleur sur nos marchés locaux.

L’élevage mobile fait face à des situations difficiles liées au terrorisme et aux crises politiques et communautaires. Comment vos pairs et vous comptez solutionner ces différents problèmes ?

S.T.T. : En ce qui concerne la côte d’ivoire mon  département travail à créer un cadre réglementaire et à mettre en application la loi de 2016-413 du 15 juin 2016 relative à la transhumance et aux déplacements du bétail cette loi vient définir les conditions de mobilité des animaux sur le territoire ivoirien, ainsi que ses 5 décrets d’application qui ont été validé en décembre dernier en plus à travers la politique nationale du développement de l’élevage de la pêche et de l’aquaculture (PONADEPA) que nous avons élaborer nous comptons mettre en place des infrastructures (des aires des pâturages, des pistes de transhumances, la réhabilitations, la construction de barrage, marché à bétail, etc. ) qui contribueraient à faciliter l’accès aux ressources naturelles.

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S’agissant de la Côte d’Ivoire, comment comptez-vous faire émerger des champions nationaux en matière d’élevage de bovins et d’ovins ?

S.T.T. : Il est important de rappeler que le secteur privé occupe une place importante dans la réalisation de l’autosuffisance en protéines animales et donc de sécurité alimentaire. Pour faire émerger des champions nationaux, nous avons pour obligation de leur créer un cadre d’exercice propice. A cet effet, nous travaillons à :

– Renforcer le corpus règlementaire de la Côte d’Ivoire à travers la proposition au gouvernement de textes permettant de mieux réguler le secteur ;

– Mettre en œuvre une politique volontariste susceptible de rendre le secteur attractif, d’où la PONADEPA

– Créer un cadre d’accompagnement technique et financier pour tous ceux qui veulent investir et s’investir dans le secteur.

Monsieur le ministre, en octobre 2021, vous lanciez, avec des amis et collaborateurs et en présence de hautes personnalités africaines et du Premier Ministre Patrick Achi, le Centre d’Etude Prospective (CEP), à travers une conférence inaugurale. A ce jour et en tant qu’initiateur, où en êtes-vous avec cette importante structure de développement ?

S.T.T. : Le Centre d’Etude Prospective continue sur sa lancée : celle de créer un cadre d’échange impliquant la société civile dans un principe de réflexion politique à travers des actions dédiées.

Avant la création du CEP, il était essentiel de s’interroger sur l’importance d’un Think tanks dans un environnement où les défis et les incertitudes sont multiples. La menace du terrorisme à l’échelle mondiale ; la guerre de l’information et de la désinformation, le changement climatique, la bonne gouvernance, l’accès au service sociaux de base… : tous, représentent autant d’enjeux qui influencent le cours de l’histoire contemporaine et qui nécessitent des décryptages, des études et des grilles de lecture. Il était donc nécessaire de créer un cadre d’échange et de recherche. Le CEP est un think tanks dédié à la promotion des politiques de développement. Mais aussi, une autre façon de porter l’innovation aux cotés des institutions publiques et privées par sa participation aux décisions via une relation d’expertises.

Le centre s’est définit cinq missions essentielles que sont : accompagner les Etats et Institutions dans leurs politiques de développement, promouvoir l’étude prospective comme outil de développement, promouvoir les modèles économiques africains qui fonctionnent, faire des recommandations stratégiques sur les questions d’actualité à l’échelle nationale et internationale, promouvoir des stratégies analytiques pour le long terme. Les activités du CEP sont reparties en quatre (4) axes : l’Université d’été, les ateliers de réflexion sectoriels, le panel d’expert, la production de rapports et de leur publication.

Interview réalisée

Par la Rédaction BETAIL D’AFRIQUE