Bien attaché dans la cour avant d’aller au lit hier (mardi 27 juin) aux environs de minuit, le bélier tout blanc de la vielle femme appelée familièrement par les jeunes de son quartier Gbagba, Mamou, n’est plus là, au réveil. S’est-il envolé ? Non ! A-t-il défait la corde tout seul pour s’enfuir ? Pas possible. Les petits enfants l’ont-ils pris tôt le matin pour le laver ? Non.
Alors, où est-il passé ? Mille et une questions que se posait la vielle Mamou à son réveil quand elle a été appelée par l’un de ses petits-fils qui a constaté la disparition de l’animal.
«Dieu ! Que s’est-il passé ? Où est passé le mouton mes enfants ? Arrêtez de jouer de cette manière. Ce n’est pas drôle ! Il est presque l’heure d’aller à la prière », s’exclama la femme de presque 80 ans d’âge, dans sa langue.
A son étonnement, aucune réponse positive qu’elle attendait pour lui annoncer qu’il s’agissait d’une blague, n’a été prononcée par aucun de ses enfants.
La vielle femme tout de même confiante, puisqu’elle ne croyait pas à un vol, était sereine en prenant la direction de la mosquée. « Si c’est Dieu qui a permis que le mouton soit volé, que cela soit ainsi. Car, lui seul sait ce qu’il fait. Que son nom soit glorifié », a lancé Mamou avec son tapis de prière tenu dans la main droite et dans la gauche, la main de l’un de ses petits-fils, Issa.
Le bélier disparaît et réapparaît cette fois en un bœuf
Le mouton a-t-il vraiment été volé ? Par qui ? Puisque la cour est clôturée et fermée par un portail métallique aussi lourd. Tous ceux qui ont pris vent de la disparition de la bête, n’y croyaient pas également.
Visiteurs que nous sommes, curieux de savoir la suite, prenions place non loin de la concession dans un kiosque à café. Quelques temps après, une bâché chargée d’un gros bœuf stationne à l’entrée de la concession de Mamou. Il est déchargé et mis à l’intérieur de la cour.
« C’est une blague que nous avons faite à notre grand-mère. Chaque année, c’est un bœuf qui lui est offert. Et cette année, nous lui avons donnés un bélier prétextant que nous n’avons pas pu réunir cette année les moyens pour le bœuf qu’elle a l’habitude de partager avec ses voisins et frères et sœurs. Comme si elle le savait, elle n’a pas fait de la disparition du bélier un scandale. Nous l’aimons trop et c’est notre Dieu sur terre. Nous ne pouvons pas lui arracher ce dont elle a droit chaque année », a expliqué Serges Coulibaly, cadre dans une banque de la place et quatrième fils de celle qui fut l’épouse légitime de feu Coulibaly Yaya, ancien cadre à Eeci.
De retour de la prière, Mamou fut surprise et heureuse de constater qu’à la place du bélier, se trouve un gros bœuf. « Que Dieu fasse que vous, mes enfants (11 enfants, dont 7 filles) soyez toujours bénis. Qu’il vous accorde longue vie et beaucoup de bonheur. Je serai toujours là par vos prières pour vous bénir et vous donner mes seins même s’ils sont vieux », déclare Mamou la main droite posée sur le front de Serge Coulibaly qui répondait par des amina.
J’étais confiante, le bélier disparu reviendrait d’une manière d’une autre
« J’étais confiante. Le bélier disparu reviendrait d’une manière d’une autre. Même s’il était volé, mes enfants allaient toujours réagir. Et voilà ce qu’ils ont fait. Ils ont remplacé le bélier par le bœuf que depuis 8 ans j’immole à la tabaski », s’est exprimée Mamou toute heureuse. Qui a ordonné à ses grands petits-fils de passer à l’action.
Quand nous quittions la famille Coulibaly, la cour était remplie de cousins, cousines, voisins et voisines de Mamou, qui est connue pour sa générosité.
Source : FratMat