À moins de deux semaines de la célébration de la Tabaski, le parc à bétail de Port-Bouët est en ébullition. Et pour cause, les »tuteurs » des commerçants de bétail ont entamé une grève illimitée, jeudi 30 mai 2024, pour exprimer leur désaccord face à la décision du District autonome d’Abidjan de déplacer le parc à bétail de la commune de Port-Bouët sur le site de l’ancienne casse d’Adjamé.
En effet, dans un document adressé au Ministre-gouverneur du district d’Abidjan, Cissé Bacongo, le président du conseil d’administration de l’Union régionale des sociétés coopératives des marchands de bétail d’Abidjan (URSCMABA), Coulibaly Mory, a indiqué que le site de la casse d’Adjamé, d’une superficie de 15 hectares, ne serait pas indiqué pour accueillir les opérateurs de la filière des communes du District d’Abidjan. Il a estimé que le site de recasement sis à Adjamé ne disposerait pas d’infrastructures adéquats, comparables à celles du marché terminal de Port-Bouët. Selon Coulibaly Mory, cette difficulté constitue un handicap pour l’exercice efficace des activités des acteurs de la filière bétail-viande. Toutefois, le 31 mai 2024, le District autonome d’Abidjan réitérait son engagement à mettre à exécution la délocalisation du parc à bétail de Port-Bouët.
Le fond du problème
Pour en savoir davantage sur ce bras de fer entre le District d’Abidjan et certains acteurs de la filière bétail, un dirigeant de la Fédération Nationale des Coopératives de la Filière Bétail-Viande de Côte d’Ivoire (FENACOFBVI-CI) s’est confié à BETAIL D’AFRIQUE.
Il précise que la tension qui a prévalu le weekend dernier au parc à bétail de Port-Bouët est le fait des seuls « tuteurs » des commerçants de bétail. » Les tuteurs, ce sont des gens qui, au parc à bétail, cherchent des acheteurs de bêtes et ont d’importantes commissions sur la vente de ces bêtes. Ce sont eux qui ne veulent pas quitter les lieux pour aller sur le site d’Adjamé. Le tutorat au parc à bétail de Port-Bouët est une affaire juteuse qui existe depuis des années et que des bénéficiaires craignent de perdre« , explique notre source.
Le membre de la FENACOFBVI fait savoir qu’il y a deux mois que le district d’Abidjan annonçait la délocalisation du parc à bétail de Port-Bouët. « Le district évoque des raisons valables, entre autre que Port-Bouët étant l’entrée internationale d’Abidjan, non loin de l’aéroport, il faut éviter des embouteillages monstres provoqués par le commerce de bêtes, notamment en période de fêtes musulmanes. La Fédération nationale et la Confédération sont d’accord avec cela « , ajoute-t-il. Et notre source de préciser que contrairement à ce qui se dit, l’abattoir de Port-Bouët ne délocalise pas et reste donc à Port-Bouët, ce sont les parcs où sont rassemblés les bêtes pour être vendues qui ne ne seront plus à Port-Bouët. « Pour l’abattage des animaux, le District a mis un dispositif en place pour convoyer ces bêtes à l’abattoir de Port-Bouët en vue d’être abattues dans des conditions hygiéniques« , dit-il.
Pour ce dirigeant de la principale organisation de la filière bétail, l’action des grévistes est néfaste et ne repose sur aucun argument solide, si ce n’est de perdre l’avantage d’être des « tuteurs » des commerçants de Bétail. « Ils sont environ un millier et ont pris toute la filière en otage, jusqu’à aller s’en prendre à des forces de l’ordre, c’est irresponsable« , a -t-il déploré.
par André SELFOUR