À Madagascar, la foire des ressources halieutiques a fermé ses portes hier dimanche. Des centaines d’acteurs de la filière se sont rassemblés pendant trois jours, au palais des Sports d’Antananarivo. Le secteur de la pêche joue un rôle primordial dans l’économie malgache. Dans les allées du salon, les petits pêcheurs ont alerté sur la baisse importante de leurs rendements et de leurs revenus. La surpêche, la recrudescence de mauvaises pratiques de pêche et le réchauffement et l’acidification des océans menacent chaque jour un peu plus leur moyen de subsistance. Le secteur de la pêche fait vivre plus d’un million 500 000 habitants de la Grande Ile et représente 7% du PIB.
Mais harengs tachetés, merlans ou encore maquereaux se font de plus en plus rares pour les petits pêcheurs du Menabe, région située sur la côte Ouest de Madagascar. « Quand j’ai appris à pêcher, en 1985, on jetais le filet et en deux heures on avait 15 kilos de poissons, nous raconte Sylvain Taria, le président du groupement des pêcheurs professionnels de cette région. Maintenant il faut pêcher au moins pendant cinq heures et parfois, on rentre même les mains vides. Le changement climatique a beaucoup d’impacts. On ne peut pas travailler plus de trois jours de suite sans qu’il n’y ait un vent très fort qui nous empêche de sortir en mer. Ce n’était pas comme ça avant. Il y a aussi des pêcheurs qui viennent d’autres régions pour pêcher dans notre zone et ça nous pose beaucoup de problèmes. Ils viennent du sud de Madagascar et ils pratiquent un système de pêche qui capture tous les poissons sans aucun filtre. »
Des migrations de pêcheurs qui inquiètent aussi Zalifa Fatomana, membre du groupement des femmes pêcheurs d’Ambilobe, sur la côte nord ouest de l’île. « Depuis un an, on voit des pêcheurs venir de Diego Suarez, dans l’extrême nord jusqu’ici, nous explique t-elle, sûrement parce qu’ils n’ont plus de poissons dans leur zone. Le problème, c’est qu’ils utilisent des filets avec des mailles de moins de 12 cm. Nous, on pêche avec des petites pirogues mais la mer ne nous donne plus rien. »
Culture d’algues, apiculture ou encore pisciculture, pour survivre les petits pêcheurs, tentent de s’adapter et de restaurer les écosystèmes, notamment les mangroves. Mais ces derniers réclament aussi une meilleure réglementation du secteur.
Source : RFI