Lorsqu’on parle d’apiculture, il ne faut pas s’étonner qu’un bon nombre de personnes ne sache pas de quoi il est question. Eh bien, il s’agit de l’élevage d’abeilles, en vue de la production de miel, cette substance sucrée élaborée par ces insectes dont la piqûre n’est point agréable. Mais l’apiculture n’est pas qu’une activité qui consiste à élever des abeilles. Cela va bien au-delà. Il s’agit, en effet, d’une tâche génératrice de revenus et qui peut permettre l’autonomisation des jeunes et des femmes. Dans cette édition de BETAIL D’AFRIQUE, la question est amplement développée par Madame Kouadio Antoinette, présidente du Comité de gestion de la Société coopérative (SCOP), qui nous a accordé une interview exclusive (à lire aux pages 6 et 7). Pour elle, il est bien de se focaliser sur les produits traditionnels de rente comme le café, le cacao, le coton, l’anacarde et le palmier à huile. Cependant, cette entrepreneure estime qu’il est aussi judicieux de s’intéresser à des niches comme l’apiculture qui offrent plusieurs opportunités de réussite sociale. Si elle est une activité porteuse sur le plan économique, l’apiculture l’est également en termes de protection de l’environnement. De toutes les pratiques agricoles, cette activité figure parmi celles qui protègent la biodiversité et qui conservent le rythme de la nature. A preuve, Madame Kouadio atteste que l’apiculteur produit du miel, mais également bien d’autres produits dérivés tels que le miel monofloral d’anacardier, de caféier, d’oranger et du miel polyfloral que l’on appelle miel nature. On se rend bien compte que nous sommes au cœur d’une activité qui prend en compte les aspects sociaux, économiques et environnementaux. D’autres avantages de l’apiculture sont énumérés par Madame Kouadio. C’est pourquoi le gouvernement de Côte d’Ivoire, à travers le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques, apporte un soutien utile aux acteurs de ce secteur. Toutesfois, parce que beaucoup restent à faire, Mme Antoinette Kouadio demande à l’Etat d’accorder plus d’intérêt à l’apiculture. A ce sujet, l’on ne saurait être plus explicite que notre interviewée. « Des gens sont en train de détruire l’environnement en utilisant des pesticides. Les apiculteurs ont quand même un mot à dire pour la sauvegarde de l’environnement. Je pense que l’Etat a beaucoup à faire dans ce domaine-là. Nous plaidons pour que le gouvernement de Côte d’Ivoire ait un regard sur tout à la fois, que ce soit dans le domaine de l’agriculture que dans celui de l’apiculture. Les apiculteurs apportent quelque chose de positif à l’environnement parce que, de par leurs actions sur le terrain, ils sauvegardent l’environnement », explique-t-elle. Par ailleurs, le gouvernement est appelé à faire la promotion de ce secteur d’activité. En fait, cette filière a besoin du soutien gouvernemental pour s’internationaliser. Il faut un accompagnement concret des dirigeants du pays aux apiculteurs à travers la signature d’accords, avec des marchés comme l’Union européenne dans lesquels le miel ivoirien ne peut toujours pas circuler. C’est un défi à relever aux plans social, économique et environnemental, d’autant plus que l’abeille domestique occidentale est le pollinisateur en élevage le plus répandu au monde.
Par Charles Lambert TRA-BI